Critique du film "Godzilla" : Avis/critiques
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Un premier teaser excitant aura suffit à redonner espoir. Godzilla allait-il retrouver sa place de Roi des monstres ? Le jeune Gareth Edwards avait su avec Monsters, tel une carte de visite, proposer un film sensible et impressionnant malgré son budget dérisoire. Aujourd’hui à la tête de la résurrection du monstre japonais, très aidé par le succès de Pacific Rim, le cinéaste promettait un film aux antipodes de la précédente adaptation américaine. Une marche funèbre vers l’apocalypse portée de vrais personnages et rendant à Godzilla son statut divin.

En guise de note d’intention, si c’est le film de 1954 qui revient sur la table, Edwards évoque pourtant souvent de son coté Les Dents de la mer. Si Monsters avait déjà démontré l’amour fou du jeune cinéaste pour le réalisateur de E.T., Godzilla ne déroge pas à la règle et se propose comme une relecture du maitre-étalon du film de requins. Si les personnages principaux se nomment Brody, ce n’est ainsi pas un hasard. Comme dans le film de Spielberg, le monstre navigue tel une présence fantomatique. Retardant au maximum son apparition, Edwards joue avec brio de la fascination et de la frustration. Hélas, et c’est bien là le problème, le film porte le nom du monstre comme celui d’un personnage principal. Si Les Dents de la mer jouent dans sa première partie sur le doute quant à la présence du squale, le spectateur ici n’a ici d’yeux que pour Godzilla. En désamorçant la plupart des scènes d’action de la première heure-et-demi, comme ce premier affrontement homérique que nous n’entrevoyons finalement que par un téléviseur, le réalisateur impose un parti pris radical mais pas forcément adapté.
En choisissant de se focaliser avant tout sur ses personnages humains, Godzilla retrouve les travers reprochés aux précédents films du genre. Mais en comptant sur un casting audacieux et des personnages annoncés comme mieux écrits que la moyenne, il devait imposer une réelle empathie au spectateur. En décrivant une lignée familiale en prise direct avec les évènements, Edwards adopte finalement une démarche similaire à La Guerre des Mondes (encore Spielberg !) en restant collé au plus près de ses personnages et en décrivant la catastrophe de leur point de vue. A ce titre, la scène d’introduction est d’une force émotionnelle peu commune. A tel point que le film ne parviendra presque jamais à retrouver la même intensité, la faute à une écriture pas aussi fouillée qu’elle le devrait.

Le problème du film se situe bien ici, dans la faiblesse relative d’un scénario qui cherche à être plus intelligent qu’il ne l’est. Entre ses personnages écrits à la truelle (Ken Watanabe, et son air investi pendant tout le film, ne sert au final à rien si ce n’est faire le lien avec l’opus de 54), ses monumentales incohérences qui laissent parfois pantois (l’ogive…), et des tunnels de dialogues explicatifs, Godzilla ne vaut pas beaucoup plus que les blockbusters qu’il cherche à ridiculiser instantanément. Un fait dommageable tant certaines scènes impriment la rétine, de par la grâce d’une direction artistique somptueuse et d’une ambiance tétanisante. La gravité est telle que chacune des pertes humaines fait froid dans le dos et rappelle la nature destructrice des monstres à l’écran.
Mais plus que tout, il y a Godzilla. Réussite absolue dont chacune des apparitions est magnétique, euphorisante et dévastatrice. Retrouvant son aura mystique, il élève le film dès lors qu’il est à l’écran. Poétique jusque dans son regard et ses mouvements, il irradie l’écran et s’impose comme l’éclatant point fort du film, aussi bien dans sa conception que dans la mise en scène de ses apparitions.

Qu’on ne s’y trompe pas, malgré ses défauts, Godzilla Version 2014 impressionne et ne laisse aucun répit sur toute sa durée. Certaines scènes sont d’inoubliables morceaux de bravoure qui forcent le respect. Dommage que la totalité du film ne soit pas du niveau de ces étincelles et de son monstre-titre.
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