Et voilà, 4 ans après la fin de l’excellente série Entourage sur HBO, le long-métrage censé boucler les arcs narratifs de ses personnages emblématiques arrive enfin en salles. Ecrit et réalisé par le créateur même de la série, Doug Ellin, la film Entourage nous propose de retrouver cette bande de potes très sympathique vivant le rêve Américain à Hollywood.

Comme la série, le film suit donc toujours le parcours de Vincent Chase et son ascension comme l’acteur le plus bankable de la ville. Autour de lui, son entourage habituel savoureux constitué de E., Turtle, Johnny Drama et bien sûr le toujours aussi jubilatoire Ari Gold, aujourd’hui patron du plus gros studio de Los Angeles. La série d’origine puisait son originalité, son capital sympathie et sa force dans la manière dont elle dressait le portrait d’Hollywood à travers le regard de cette bande d’amis, entre vision fantasmée, désillusions, grandeur, décadence, critique et rêve. Alors que l’on aurait pu penser que certains traits étaient probablement exagérés au vu de la folie que semblait dégager le milieu hollywoodien, les récentes fuites de l’affaire Sony nous ont prouvé qu’Entourage était peut-être finalement une version édulcorée de la réalité.

La bonne nouvelle, c’est que le film réitère cet exercice, avec un plaisir non dissimulé et assez contagieux pour quiconque s’intéresse de près aux rouages de la machine hollywoodienne. Cette fois-ci, il est question de Vincent Chase qui, sous la houlette du studio d’Ari Gold, souhaite réaliser lui-même son prochain film Hyde, relecture moderne de Dr. Jekyll and Mister Hyde, dans lequel il tiendra également le rôle titre. Evidemment, Vince dépasse le budget et demande à Ari une rallonge de quelques millions de dollars.

C’est là que les choses se gâtent : entre l’acteur-réalisateur protecteur de son travail, les investisseurs bouseux du Texas (Billy Bob Thornton et Harry Joel Osment, délicieusement détestables) qui détiennent la moitié de la pellicule et ont donc droit de vie ou de mort sur le film, les projections privés, les batailles d’égo, les potins, les conflits d’intérêts et les exigences commerciales, c’est toute une satire d’Hollywood qui nous est présentée ici, sous une forme véritablement jouissive, enchainant comme à son habitude les cameos et les références à la culture populaire actuelle.

Entourage est un film d’Hollywood, qui parle d’Hollywood, pour Hollywood, avec un sens d’auto-dérision et d’auto-critique qui caractérisent si bien la ville et son milieu. Certains parleront d’hypocrisie, mais comme le film (et surtout la série) nous le montre, ce n’est jamais aussi simple que blanc ou noir, et le destin d’un film est souvent à la merci d’investisseurs et d’actionnaires qui n’y connaissent rien, souvent contre la volonté des réalisateurs et producteurs, à la fois premiers intéressés et premières victimes de ce système.

Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre à un démontage sans concession de la machine hollywoodienne. Les résolutions des diverses intrigues sont bien sages et essaient de contenter un peu tout le monde, histoire de n’humilier véritablement personne. Après tout, la série faisait aussi de l’auto-congratulations, et le film n’échappe pas à la règle dans sa conclusion (même si on a connu la série plus incisive et percutante).

Un des vrais défauts du film concerne le « film dans le film », Hyde, dont on aperçoit quelques images qui malheureusement brisent la crédibilité de sa réputation de film exceptionnel. On nous vend quelques plans sur-stylisés par un sous-Zack Snyder clippesque comme « le chef d’oeuvre de Vincent Chase ». Pendant quelques minutes, le mythe est détruit. On y croit pas une seconde. Il aurait mieux valu ne rien montrer du tout et rester sur les réactions des personnages, ou bien, si vraiment on tenait à nous le montrer, on l’aurait peut-être pris en guise de bonus post-générique. Mise en abime ratée et conclusion consensuelle mises à part, le film peut s’avérer très agréable, plaisant et même jubilatoire pour les amateurs de la série ou du milieu du cinéma californien.

On peut cependant se poser la question de l’utilité d’un long métrage de cinéma pour conclure la série, surtout vu la manière dont il le fait. Le film n’est qu’un season finale d’1h30 (soit à peu près 3-4 épisodes mis bout à bout), et n’offre rien de plus que ce que la série avait l’habitude d’offrir. Pour les fans, tous les ingrédients sont toujours là. Mais il est probable que les non-initiés soient un peu perdus (même si le 1er acte du film met adroitement en place les pions de manière à ce que les enjeux soient clairs), ou du moins ne se sentent pas assez investis ni concernés par le destin des personnages et aient l’impression de « taper l’incrust’ » dans une bande d’amis ayant déjà un certain vécu. Les spectateurs de la série ayant appris à aimer ces personnages au cours de 8 saisons, le coup de foudre pour un néophyte n’est donc pas garanti (même s’il est possible).

Entourage aurait donc sûrement eu à gagner en étant un simple téléfilm HBO, en guise de conclusion bonus, et non un vrai film de cinéma. Mais si vous avez suivi la série et que vous l’aimez, ou que vous êtes fascinés voire obsédés par le monde du showbiz à Los Angeles, il n’y a strictement aucune raison de bouder un plaisir franc et sincère. Pour les autres, cela reste moins évident, même si l’expérience peut être tentée.

Critique du film "Entourage"

( Sortie cinéma : 24 June 2015 )

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Un film de :

Productions :

Closest to the Hole Productions, Warner Bros.

Scénario :

Doug Ellin, Rob Weiss

Avec :

Adrian Grenier , Kevin Connolly, Kevin Dillon, Jerry Ferrara, Jeremy Piven, Billy Bob Thornton

Durée :

01h44

Titre original : ---

Compositeur : ---
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Pays :

Etats-Unis

Saga : ---

Synopsis :

Star hollywoodienne, Vincent Chase et ses potes, Eric, Turtle et Johnny, sont de nouveau dans la course, et en pleine négociation avec Ari Gold, ancien agent devenu patron de studio. Si leurs ambitions ont un peu évolué, les liens qui les unissent sont toujours aussi forts. Tant mieux car ils vont devoir se frayer un chemin dans le monde impitoyable d'Hollywood…

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