Critique : Dallas Buyers Club

Film à oscars comme il en pleut chaque années, Dallas Buyers Club semblait porter en lui les stigmates d’un genre à part entière. Métamorphose d’un acteur revenu de loin, histoire vraie, sujet sensible, et surtout metteur en scène de prime abord indépendant à la sensibilité éloignée de la machine hollywoodienne qui permet d’apporter en théorie au film une validité artistique.

 

Des qualités usuelles que l’on ne cesse de retrouver chaque année en cette période, et on ne sera pas étonné de voir en Dallas Buyers Club le prototype même de la bête à Oscar. Et pourtant… Si jamais le scénario ne parviendra à afficher la subtilité que prétend posséder son traitement plus décalé qu’on ne l’aurait pensé, si la narration ultra balisée ne sortira jamais le film des sentiers battus dans lequel il s’embourbe, le film possède pourtant des qualités indéniables qui permettent de passer outre les facilités attendues.

 

Il s’agit tout d’abord de Jean-Marc Vallée qui, pour son premier film américain, décide de rester à l’écart des studios et de monter son film dans l’intimité avec un budget de moins de 6 millions de dollars. Une faiblesse de moyens obligeant à des choix et permettant au final au cinéaste de trouver sa bonne voie. Car dans sa première heure, le film affiche un parti-pris de mise en scène assez radicale en collant aux basques de son personnage principal. Immersion absolue dans la vie d’un homme à priori peu fréquentable, le film étonne dans un premier temps par ce refus du point de vue extérieur. Hélas, sitôt le compte à rebours initial des 30 jours à vivre dépassé, le métrage rejoindra les oripeaux du mélodrame hollywoodien dans tout ce qu’il a de plus consensuel, affichant par la même une chute de rythme assez embêtante.

 

Des problèmes de rythme qui n’interviennent qu’une fois la caméra dérivée de son personnage principal campé par un Matthew McConaughey dans ce que tout le monde aura tôt fait de qualifier de rôle d’une vie. Il faut dire beaucoup semblent avoir oublié les prestations des deux dernières années de l’acteur qui a déjà entamé sa dantesque remontée du désert avec des rôles certes peut être en apparence moins radicaux (la fameuse perte de poids pour décrocher la timbale) mais bien plus subtiles. Ceci dit, c’est dans ce jeu du cowboy texan que l’acteur de Killer Joe impressionne le plus, et Dallas Buyers Club marque à n’en point douter la consécration publique d’un acteur sur qui le monde avait oublié de compter. Saisissante et à fleur de peau, sa prestation vampirise le film et s’appose avec celle de Jared Leto comme un duo de cinéma fascinant. C’est dans ces deux personnages que se trouve la force d’un film trop classique pour étonner mais finalement tourné entièrement vers le salut miraculeux de ses deux têtes d’affiches revenues toutes les deux de bien trop loin.

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