Zero Dark Thirty

 

Démineurs marquait le grand retour au cinéma de Kathryn Bigelow, presque dis ans après le bide de son génial K-19. Le soutien critique du film, qui fût récompensé par six Oscars (dont meilleur film et meilleur réalisateur), permit à Bigelow de s’attaquer à un sujet brûlant, à savoir la traque d’Oussama Ben Laden par les services secrets américains pendant dix ans, jusqu’au soir du 2 Mai 2011. Le sujet, et les différentes questions qu’il pose, allaient être forcément exposés à la polémique, ce qui n’a pas raté. Mais nous ne nous attarderons pas dessus.

 

S’il est en apparence proche, avec un cadre (les pays du Moyen-Orient), et un style visuel voisins, ainsi qu’une nouvelle collaboration entre la réalisatrice et son scénariste Mark Boal, Zero Dark Thirty est finalement éloigné de Démineurs. Le scénario linéaire et la tension constante de Démineurs laissent ici place à un traitement ample et complexe, qui nous plonge en plein cœur du fonctionnement des services secrets américains, à tous les niveaux. Entre interrogatoires musclées, filatures longues et tendues, pratiques de politiciens (qui approuvent dans un premier temps les techniques de torture, puis rejettent la faute sur les agents de terrain face aux faibles progrès de l’enquête) tout y est décrit avec minutie. Un traitement ambitieux et captivant de bout en bout.

 

Cependant, Zero Dark Thirty conserve des similitudes avec Démineurs dans le sens où il s’agit d’un film purement américain, et qui s’adresse directement aux américains. La polémique sur les scènes de torture et d’humiliation éprouvantes sont un moyen de Bigelow de parler face aux américains, qui ont célébré la mort de Ben Laden, et qui se retrouvent désormais face à leurs démons, et à la façon dont les services secrets, ont traqué l’ancien chef d’Al-Qaeda. De la même façon que le traitement de Jeremy Renner dans Démineurs parlait directement aux américains, de leur dépendance à l’adrénaline et à la guerre.

 

Zero Dark Thirty ne doit pas être comparé qu’à un seul film de Bigelow, car le thème principal du film revient abondamment dans l’ensemble de la filmographie de la réalisatrice. D’abord l’obsession du personnage principal pour son objectif, on peut y regrouper tous les films de la cinéaste,  qu’il s’agisse de Bodhi dans Point Break,  Lenny dans Strange Days, ou le Capitaine Mikhail Polenin dans K-19. Tous ont un objectif, et ont une volonté obsessionnelle d’atteindre cet objectif. Ici, c’est Maya (brillamment interprétée par Jessica Chastain), qui se trouve être la seule personne de son agence à être persuadée que Ben Laden est vivant, et qu’il ne se cache pas dans les montagnes Afghanes entouré de nombreux soldats prêts à se sacrifier pour lui, mais qu’il est reclus dans une villa, en plein milieu d’une ville au Pakistan, et qu’il continue à partir de cet endroit à diriger le réseau terroriste. Et pour arriver à ses fins, Maya n’hésite pas à enquêter seule, contre l’avis de ses supérieurs, pour honorer son sens du devoir. En ce sens, Zero Dark Thirty est très proche de K-19, où le Capitaine Polenin (Liam Neeson) se levait contre les décisions prises par son supérieur (Harrison Ford), dans le but d’éviter une guerre nucléaire.

 

Un personnage que l’on suit pendant près de deux heures, jusqu’à cette passation, où elle s’adresse directement aux soldats qui seront chargés de débusquer Ben Laden, et où elle leur ordonne directement de lui ramener la tête de ce dernier. Deux heures captivantes, dont le rythme et la tension montent crescendo jusqu’au monumental assaut final, un grand moment de tension rare au cinéma, filmé en vision nocturne et en photo de nuit (de toute beauté), et transcendé par le score d’Alexandre Desplat et l’hallucinante mise en scène de Bigelow.  Rarement  le cinéma américain aura offert un tel morceau de bravoure, où tout, de la mise en scène à la chorégraphie en passant pas la musique, est orchestré à la perfection.

 

Tordant le cou à toutes les polémiques (pro-torture ou pas, pro-Obama ou pas), Kathryn Bigelow conclut son film en posant une simple question, pourquoi ? Evidemment, la cinéaste ne répond pas à la question, et place simplement son spectateur devant cette inconnue.

 

 Un très grand film, par une grande cinéaste qu’il est temps de reconnaitre comme tel.

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Zero Dark Thirty

Sortie cinéma : 23 janvier 2013
Un film de : Productions :
Annapurna Pictures
Scénario : Avec : Durée :
02h29

Compositeur : ---
Budget :
$ 40 000 000

Box-office mondial :
$ 80,197,550

Classification : ---
Titre original :
Zero Dark Thirty

Saga : ---

Le récit de la traque d'Oussama ben Laden par une unité des forces spéciales US.

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