Critique du film "Terminator : Genisys"

Rarement un film n’aura autant souffert d’un marketing aussi calamiteux. D’images promo d’une laideur repoussante à la révélation du twist dans sa bande-annonce, Terminator : Genisys a multiplié les faux pas depuis son annonce. L’arrivée providentielle d’un James Cameron en guise de joker aura tenté de sauver les meubles et de s’adjoindre la caution des fans de la première heure. Qu’en-est-il réellement ?

Entretenant le flou entre sa nature de reboot, remake et séquelle, le film d’Alan Taylor (Thor : Le Monde des Ténèbres) prend le parti de rendre hommage aux deux films fondateurs avant de prendre s’on envole via une tournure étonnante. Un vrai troisième opus ? Une note d’intention un brin prétentieuse qui culmine dans une scène d’introduction ayant pour but de faire « ce que James Cameron n’avait pu faire » : Montrer les prémices au film de 1984 et l’envoie de Kyle Reese dans le passé. Forcément, voir les coulisses de la mythologie peut s’avérer ludique, et les quelques dialogues échangés entre Connor et Reese forcent la sympathie. Un sourire qui alterne entre l’attachement à des personnages mythiques et une certaine gêne. Ce n’est pas tant la direction artistique du film qui pose problème mais bien son miscast absolu : Tandis que Jai Courtney réduit le personnage de Reese à un soldat un peu teuton, réduisant l’ambivalente folie et passion qui consumait Michael Biehn, John Connor se voit tout simplement saboté par une direction d’acteur consternante (cabotinage de tous les instants) et un choix de casting aberrant (Jason Clarke ayant pourtant prouvé qu’il était un bon acteur). Entre les deux, on retrouve une Emilia Clarke en roue libre dont seul la ressemblance parfois troublante avec Linda Hamilton semble expliquer sa présence dans le projet.

On aurait tôt fait de se rassurer en se raccrochant à certaines idées scénaristiques intéressantes, on rappellera que de bonnes intentions ne font jamais un bon film. A la place, il faut se farcir une narration bordélique et des enjeux calamiteux (pourquoi créer une urgence alors que l’on peut voyager dans le temps ?), jamais sauvés par une mise en scène plate et impersonnelle. Les scènes d’action ont beau se succéder, elles ne sont jamais vectrices d’émotions et n’étonnent même pas malgré la quantité de money-shot employés. Il faut voir le combat entre un Schwarzy usé et son double numérique, découpé n’importe comment et monté à la truelle. D’ailleurs, le T-800 se voit littéralement souillé pour n’être qu’un personnage secondaire parmi les autres, cantonné à des blagues potaches sur l’accouplement. Une « relique appartenant à une ligne temporelle effacée », un robot-nounou « vieux mais pas obsolète » : une démystification totale qui touche chacune des figures essentielles de la franchise. Même Skynet, entité insondable et protéiforme, joue le jeu de la personnification. Une idée déjà entrevue dans l’inégal Terminator : Renaissance, poussée ici jusque dans ses retranchements. Le facepalm est constant.

Chaque hommage forcé se voit désintégré par des choix incompréhensibles, véhiculant une notion d’irrespect et d'incompréhension réellement agaçante. Certaines idées annoncées en amont du tournage semblent purement et simplement oubliées, comme le fait de revisiter les deux premiers opus pour une narration semblable à celle de Retour vers le futur 2. Il n’en est rien, les scénaristes préférant récupérer par-ci par-là des éléments choisis (les punks, le T-1000) et les mixer ensemble : au diable la cohérence. Au passage, on notera que plusieurs enjeux ne trouvent pas leur résolution, confirmant la construction du film sur plusieurs épisodes. Une mode à laquelle Paramount ne pouvait s'empêcher de céder.

Quelle posture choisir en sortant de la salle ? Consternation, énervement, ou un simple « ça aurait pu être pire » ? Il faudra voir si le culte de la médiocrité fonctionne encore, à coup de « tout n’est pas à jeter » . Comme on s’y attendait, Terminator : Genisys aura au moins permis de revoir à la hausse Le Soulèvement des machines et Renaissance, des films bancals mais bien loins d’un tel naufrage. 126 minutes profondément embarrassantes et laborieuses qui confirment qu’il n’est pas toujours bon de chercher à remonter le temps.

Terminator : Genisys - Affiche
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Critique du film "Terminator : Genisys"

Sortie cinéma : 01 juillet 2015
Un film de : Productions :
Paramount Pictures
Scénario : Avec : Durée :
02h00

Compositeur : ---
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original :
Terminator : Genisys

Saga :

Lorsque le leader de la résistance John Connor, envoie le sergent Kyle Reese en 1984 pour protéger Sarah Connor et préserver l'avenir de l’humanité, des événements inattendus provoquent une fracture temporelle. Le sergent Reese se retrouve alors dans une nouvelle version du passé, où il est confronté à des alliés improbables, dont le Guardian, et à de nouveaux ennemis. Il est chargé d'une mission inattendue : reprogrammer le futur  ...

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