Critique du film "Souvenirs de Marnie"

C’est Hiromasa Yonebayashi, réalisateur du très joli « mais sous influence » Arriety, qui se retrouve chargé malgré lui d’apporter une conclusion à la magnifique histoire du Studio Ghibli. Un point primordial, tant ce Souvenirs de Marnie puise sa force dans sa délicate position. Et c’est logiquement en tournant son regard vers le passé que Yonebayashi s’écarte de la figure du maître.

 

Souvenirs de Marnie déjoue les attentes en adoptant une posture inattendue qui tranche radicalement avec l’imagerie des oeuvres les plus représentatives du Studio Gibli. Adapté d’un classique de la littérature anglaise pour enfants, le film étonne tout d’abord par le lien indélébile qu’il entretient avec ce fantastique psychanalytique anglais, tel que Les Innocents de Jack Clayton ou encore certains opus des soeurs Brontë. Mais surtout, on pense bien sûr beaucoup au Paperhouse de Bernard Rose, de la vision de cette maison hors du temps au nom du personnage principal, Anna. Un lien évident qui se retrouve jusqu’à la fantasy horrifique du réalisateur de Candyman, alors que l’un des noeuds émotionnels du métrage se joue lors d’une tempête dans un silo cathartique. Ce faisant, la jolie Marnie devient l’un des personnages récents les plus occidentaux de la culture animée japonaise, le film s’affranchissant des frontières et élevant sa mixité à un niveau bien plus intime.

Car c’est bien cette dualité qui anime le film. Un film sur l’avenir tourné vers le passé, récit d’apprentissage sans mouvements. Une absence de « péripéties » menant l’oeuvre vers un surplace que beaucoup ne lui ont d’ailleurs pas pardonner. Prenant le temps d’installer son ambiance délicatement étrange et surtout profondément mélancolique, Souvenirs de Marnie brille plus par la magie qui émane de ses petits détails, regards et gestes en apparence anodins que par la densité de son récit. Une histoire d’amitié dont on peine à première vue à comprendre ce qui la guide. Et pourtant, au fur et à mesure du film, on se laisse porter au gré de ces instants fantastiques traités comme des souvenirs fugaces et délébiles. Soudain, alors que le voile se lève sur les mystères entourant les personnages, l’émotion frappe le spectateur de plein fouet. Le parti pris de Yonebayashi prend alors tout son sens, de sa mise en scène de l’infime à l’exacerbation des sentiments des personnages.

Plutôt que de jouer sur un terrain similaire au réalisateur de Princesse Mononoké, Hiromasa Yonebayashi impose une sensibilité autre. En définitive, Souvenirs de Marnie est une oeuvre à la beauté entêtante, bouleversante et fragile. Un renouveau pour le Studio Ghibli, qui lui aura ironiquement coûté la vie. Espérons qu’il puisse un jour renaître de ses cendres. En attendant, les souvenirs restent éternels.

Souvenirs de Marnie - Affiche
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Critique du film "Souvenirs de Marnie"

Sortie cinéma : 14 janvier 2015
Un film de : Productions :
Studio Ghibli
Scénario : Avec : Durée :
01h43

Compositeur :
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original :
Omoide no Mānī

Saga : ---

Anna, jeune fille solitaire, vit en ville avec ses parents adoptifs. Un été, elle est envoyée dans un petit village au nord d’Hokkaïdo. Dans une vieille demeure inhabitée, au coeur des marais, elle va se lier d’amitié avec l’étrange Marnie…

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