2012 devait sonner le glas du film catastrophe. Si le film de Roland Emmerich apportait, il est vrai, une réjouissante orchestration de dérèglements climatiques, sa légèreté laissait apparaître un cynisme malvenue. Un humour qui annihilait l’impact d’effets spéciaux pourtant assez spectaculaires, et donnait surtout l’impression d’assister à un joyeux foutoir parodique. Comme si le réalisateur du Jour d’après doutait lui-même de codes vieux comme le monde. La force de San Andreas se trouve ici, dans la volonté de Brad Peyton de faire de son anachronisme un véritable vent de fraicheur.

De codes, il en est bien question ici, tant le film s’évertue à les respecter à la lettre. Un manque d’originalité évident qui pourrait ennuyer si le film se contentait de les faire défiler bêtement. Pourtant, San Andreas se montre respectueux de l’héritage qu’il véhicule, ne prenant jamais de haut son sujet pour s’imposer comme un véritable rollercoaster climatique. Si les scènes catastrophes fonctionnent autant, c’est aussi et surtout parce que le film aura pris le temps d’installer ses personnages. Des archétypes qui ne surprennent jamais, mais que leur caractérisation efficace parvient à rendre attachants. La grande idée, c’est bien sûr d’utiliser la présence physique de Dwayne Johnson en contre-poids. The Rock contre la nature ? Dès lors, chacune de ses décisions ne paraît jamais idiote, tant la capacité du personnage à survivre n’étonne guère.

Reste plus qu’à Brad Peyton d’emballer le tout avec un plaisir évident. Les morceaux de bravoure s’enchainent sans temps mort, réservant quelques belles sueurs froides et une immersion impressionnante en partie grâce à une 3D assumée et habilement utilisée. C’est que la mise en scène du bonhomme n’est pas dénuée d’intérêt, offrant même quelques jolis moments de virtuosité technique et un parti pris intimiste globalement bien tenu. Face à un Avengers 2 en forme de bouillie numérique, San Andreas ne manque jamais de corps. On a beau sourire, la suspension d'incrédulité étant parfois à son paroxysme, on s’accroche et on en prend plein les yeux. Qui va s’en plaindre ?

Alors que les films catastrophes semblaient ne plus avoir d’avenir, en partie à cause de l’utilisation à outrance d’une imagerie de destruction massive dans la plupart des blockbusters actuels, San Andreas parvient à s’imposer comme une petite surprise. Son succès au box-office, modeste mais honorable, rassure quand à la viabilité d’un autre type de divertissement que le film de super-héros. Du travail d’artisan bien fait qui devrait rappeler que si des codes existent, c’est parce qu’ils fonctionnent.