Critique du film "No Pain No Gain"

Premier film post-Transformers de Michael Bay, Pain and Gain (« traduit » en France par No Pain No Gain) s’avère aussi et surtout être son plus petit budget depuis son premier film, Bad Boys, en 1995. C’est ainsi qu’en jouissant d’une liberté artistique totale délivrée des contingents du blockbuster familial, le cinéaste peut désormais faire tout ce qu’il veut. Et, étrangement, il n’a jamais fait aussi bien.

 

L’histoire, c’est celle de trois entraineurs bodybuildés qui décident de prendre en otage un de leurs riches clients en espérant lui extorquer de l’argent. Inspiré d’une affaire réelle aussi improbable que cruelle, le film se révèle être une comédie noire bien loin des habitudes du réalisateur. Ici, peu d’explosions, pratiquement aucune scène d’action. Seulement un mauvais goût assumé, entre vulgarité, racisme et misogynie, dont Bay s’est fait le porte-étendard au cours de sa carrière et qui trouve ici un point de non-retour absolument sidérant. Tout comme sa mise en scène, libérée des obligations d’une 3D contraignante ou d’effets spéciaux à mettre en valeur, qui se lâche définitivement. Réutilisant toutes les figures de style propres à son cinéma (ralentis, plans ultra cut, couchers de soleil, travellings circulaires, etc.) tout en imposant de nouvelles expérimentations qui rappellent les derniers films de Tony Scott, Michael Bay semble pousser le bouchon de l’esthète fou encore plus loin qu’il ne l’avait fait dans Bad Boys 2.

 

Et pourtant, rarement le style du bonhomme n’avait eu autant sa place dans un film. Jouant à fond la carte de la frime et du clinquant, d’une imagerie rêvée qui contraste avec la laideur racontée, la mise en scène de Bay devient une illustration visuelle de personnages à la poursuite du rêve américain. C’est en mettant en scène le rêve américain (ou plutôt en le déconstruisant) tel qu’il le conçoit et qu’il l’a toujours conçu, avec son style pompier et ses gros sabots, renforcé par la musique tout en osmose de son comparse de toujours Steve Jablonski (et des standards des années 90) que Michael Bay vise juste. Aidé par la voix-off de Mark Wahlberg (définitivement l’acteur le plus cool du monde et qui fait preuve ici d’une palette de jeu absolument sidérante), le cinéaste ne fait que mettre en scène des enfants de l’Amérique cherchant leur place dans le monde qu’ils se sont faits (donc les Etats-Unis). Ne les jugeant jamais et sans cacher l’immense sympathie qu’il éprouve pour eux malgré les actes horribles dont ils sont les auteurs, Bay hurle d’amour pour sa patrie tout en dénonçant les monstres qu’elle a elle-même engendré. Ce n’est certes pas d’une très grande finesse mais cette naïveté finit par toucher.  Il n’est pas étonnant de voir les frères Coen cités comme influences tant ils sont prégnants, tout comme ce personnage interprété par Ed Harris, seul élément de normalité contemplant la destruction des mythes qu’il a toujours aimé. A noter aussi la brillante composition de Dwayne Johnson en prêcheur camé qui n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue de ce décalage entre un physique inhumain et une candeur enfantine.

 

Si ses personnages cultivent l’apparence de leurs corps comme il cultive l’apparence de son film, Michael Bay offre pourtant son opus le plus vrai depuis les débuts de sa carrière. Totalement anachronique et absolument pas grand public, Pain and Gain est une tragicomédie alternant entre le rire et la gêne, la tendresse et le dégoût, et nous offre une belle galerie de personnages au cœur d’un objet cinématographique hautement unique et surprenant. Un nouveau départ pour le cinéaste qui s’annonce fascinant. 

No Pain No Gain - Affiche
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Critique du film "No Pain No Gain"

Sortie cinéma : 11 septembre 2013
Un film de : Productions :
Paramount Pictures
Scénario : Avec : Durée :
02h10

Compositeur :
Budget :
$ 26 000 000

Box-office mondial :
$ 49,875,291

Classification :
Titre original :
Pain and Gain

Saga : ---

Basé sur une histoire vraie et inspiré d'articles de presse parus dans le "Miami New Times", Pain and gain suivra les aventures criminelles du "Sun Gym gang". Composé de bodybuilders dopés aux anabolisant, le gang s'est rendu célèbre entre décembre 1999 et janvier 2000 par ses multiples vols, enlèvements et meurtres.

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