Night Call

Premier film de Dan Gilroy, scénariste et frère du réalisateur de Michael Clayton, Night Call (titre français débile pour Nightcrawler) est le petit film qui fait la sensation en cette fin d’année. Comparé à Drive, recevant des louanges par l’ensemble de la critique, qui salue unanimement la performance de Jake Gyllenhaal (il serait en course pour les prochains Oscars), le film fait un sacré buzz au moment où les mastodontes de la fin d’année s’apprêtent à débarquer dans les salles. Un emballement général au final bien exagéré pour un petit film qui, bien que sympathique, est bien loin d’être le grand film vendu un peu partout.

Lou Bloom, chômeur à Los Angeles, gagne de l’argent en revendant des métaux volés. Une nuit, il assiste à un accident de la route, et aperçoit des caméramans en freelance qui filment les images de l’accident et de la victime pour les revendre aux chaînes de télévision pour leurs journaux. Comprenant que cette profession peut rapporter gros, il parcourt les rues la nuit afin de trouver des images choc pour les vendre à des chaînes de télévision. Un pitch qui dévoilait un vrai potentiel de film choc, qui aurait pu traiter aussi bien de l’avidité de ces preneurs d’images, prêts à laisser mourir des gens sans leur porter secours uniquement pour obtenir des images choses ; mais également des chaînes de télévision et journaux télévisés, qui abandonnent toute déontologie pour obtenir un peu plus d’audience.

Night Call aurait ainsi pu devenir l’un de ces pamphlets à charge contre un système, dans la lignée de ceux que pouvait nous offrir un Oliver Stone à sa grande période. Sauf qu’ici le film perd tout impact auprès de son spectateur, la faute au scénariste et réalisateur, qui traite son sujet avec la finesse d’un pachyderme. Dès le début du film, le personnage campé par Gyllenhaal nous est présenté comme froid et peu fréquentable, et la suite du film ne fera que renforcer cette impression, sans que l’on ait pu avoir un quelconque intérêt ou de l’empathie pour lui.

C’est là le gros problème du film, qui tourne totalement autour du personnage de Bloom, dont la caractérisation est au final beaucoup moins fine que ce que l’on veut nous faire croire. Ainsi, tout ce qui se trouve autour de ce personnage n’est que fonction, et n’est là que pour appuyer le propos général. On se retrouve alors devant un film où l’on comprend au bout de 10 minutes ce que veut nous dire le réalisateur, mais où il n’a rien à dire de plus les 100 qui suivent. Dès le début, à travers la réussite du personnage de Gyllenhaal, on comprend que nous sommes dans un monde où ceux qui ont le moins de scrupules réussissent le mieux, et c’est ce qu’il nous répète pendant tout le film. Le traitement est ainsi beaucoup moins ambigu qu’il n’y parait, fait perdre de l’impact au propos du film, et rend même complètement prévisible son dernier tiers.

Mais ce n’est pas pour autant que Night Call est un mauvais film, au contraire. Bien que très maladroit dans son propos général, Night Call reste tout à fait regardable, et se trouve être une balade nocturne par moments envoûtante, par moments inspirée, en tout cas souvent agréable à regarder. Il faut saluer le travail de Gilroy, qui fait preuve d’un vrai savoir faire visuel et parvient à capter par ses images l’attention de son spectateur, bien aidé également par le montage de son frère John, et la photographie de Robert Elswit (The Town, Mission Impossible : Protocole Fantôme). Enfin, il faut saluer l’impressionnante performance de Jake Gyllenhaal, qui campe à merveille ce personnage froid, manipulateur, et calculateur, et porte le film sur ses épaules.

C’est trop peu pour que Night Call soit le grand film annoncé un peu partout, mais son acteur principal, ses qualités visuelles et quelques bonnes idées générales (le traitement tout en succes story, la fin hyper cynique) en font un film à découvrir.

Night Call - Affiche
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Night Call

Sortie cinéma : 24 novembre 2014
Un film de : Productions :
Paramount Pictures
Scénario : Avec : Durée :
01h57

Compositeur :
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original :
Nightcrawler

Saga : ---

Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n'aura aucune limite...

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