Critique du film "Man of Steel"

En confiant la mise en chantier du reboot de Superman au duo à l’origine de la trilogie du Dark Knight, la Warner espère redorer le blason du premier et plus célèbre super-héros tombé hélas dans l’indifférence suite à l’insuccès des dernières adaptations.

 

Partant de la question « Comment devrait réagir le monde suite à la découverte de l’existence d’un tel être ? », le film se veut un contre-point total à l’univers initié par le Superman de Richard Donner et resté ancré dans l’inconscient collectif. S’éloignant de la naïveté et la légèreté de l’opus de 1978, Man of Steel se veut à la fois beaucoup plus sombre et réaliste… l’adage de Nolan qui pourrait sembler ici totalement incohérent mais qui apporte finalement un point de vue intéressant et novateur à un personnage pourtant emblématique. Pour cela, il faut saluer la performance de Henry Cavill qui réussit à faire oublier Christopher Reeves et propose un Superman charismatique et attachant. Le casting est d’ailleurs l’un des points forts du film tant chaque personnage est campé par un acteur investi (Kevin Costner, malgré son faible temps de présence à l’écran, s’impose comme un Jonathan Kent mémorable même s’il rappelle un peu trop sur le papier la figure protectrice Nolanesque interprétée par Michael Caine), et ce même pour les plus mal écrits. Un constat qu’on ne peut pas forcément accorder à Michael Shannon qui installe un nouveau standard de cabotinage et compose un Zod tout en grimaces qui détruit totalement le potentiel du personnage, pourtant intéressant sur le papier.

 

 « Intéressant sur le papier » est bien la devise qui pourrait le plus s’accorder au métrage. L’idée ayant poussé Nolan à se lancer dans l’entreprise a beau paraître claire, le fait d’avoir misé sur Goyer seul au scénario et d’avoir confié le chantier à un Snyder en quête de rédemption achève un projet pourtant potentiellement fort. Si Goyer est riche d’idées souvent passionnantes, il n’avait jamais fait preuve d’une réelle subtilité et Man of Steel en paye le prix. Etayant son propos (Superman, c’est l’espoir !) au gré de dialogues si lourds et appuyés qu’ils en deviennent ridicules, le film affiche une prétention et un sérieux qui donnent parfois l’impression d’assister à une mauvaise parodie de Dark Knight, d’autant plus que l’on se rend bien vite compte des contradictions engendrées (un film qui prône le libre arbitre et le refus du déterminisme mais où le héros doit devenir le sauveur que tout le monde attend de lui).

 

Le plus drôle dans tout ça, c’est de voir cette soit-disant richesse thématique abandonnée à la moitié du film par un Zack Snyder qui ne semble intéressé que par le potentiel destructeur de son personnage. En résulte une deuxième partie qui se tient comme un climax de presque 1h30 (sans compter que dès le début le film contient déjà son lot de scènes d’action). Enchainant jusqu’à l’overdose toutes les possibilités imaginables pour impressionner, le film marque en effet la rétine et s’impose comme le film de super-héros le plus spectaculaire et le plus barbare… mais dont la vacuité finit hélas par lasser. C’est qu’au bout de la quinzième séquence musclée, alors que Métropolis et Smallville ne ressemblent qu’à des champs de bataille en ruines (où les pertes humaines importent peu), ce déploiement de fureur finit réellement par agacer et nous par trouver le temps long. Et si Snyder s’est calmé au niveau de sa mise en scène, oubliant un temps ses instincts de clippeur, celle-ci se révèle au final bien trop anecdotique en dépit de quelques belles scènes, d’autant plus que la direction artistique est d’une banalité commune et rappelle par moment le terne d’un Sucker Punch.

 

Malgré une tentative de renouvellement par son aspect science-fictionnel pleinement assumé (jamais Krypton n’avait été présenté comme ça) et des partis pris plutôt radicaux qui pourraient d’ailleurs en faire grincer certains, le film peine donc réellement à passionner, la faute à une absence d’humilité et l’indigence d’un scénario qui peine à se montrer à la hauteur de l’intelligence dont il se réclame, d’autant plus qu’il fait preuve d’une narration assez catastrophique qui injecte n’importe comment des flashbacks à l’utilité discutable pour alimenter facticement une durée déjà bien trop imposante (et pourtant d’innombrables coupes se ressentes). C’est ainsi que Man of Steel ne parvient jamais à convaincre, hésitant sur tous les terrains qu’il tente d’aborder, et s’impose seulement comme une débauche d’effets visuels à l’ampleur certes efficace mais finalement peu concluante. C’est bien peu pour le plus grand super-héros de tous les temps.

Man of Steel - Affiche
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Critique du film "Man of Steel"

Sortie cinéma : 19 juin 2013
Un film de : Productions :
Warner Bros. Pictures, Legendary Pictures, DC Entertainment, Syncopy, Atlas Entertainment, Third Act Productions
Scénario : Avec : Durée :
02h20

Compositeur :
Budget :
$ 225 000 000

Box-office mondial :
$ 660,942,556

Classification : ---
Titre original :
Man of Steel

Saga :

Un jeune garçon apprend qu’il a des pouvoirs extraordinaires et qu’il ne vient pas de cette planète. En grandissant, son aventure l’amène à découvrir d’où il vient et pourquoi il a été envoyé ici. Mais le héros en lui doit émerger, si sa mission est de sauver le monde de l’annihilation et devenir le symbole de l’espoir de l’humanité.

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