Lucy

Nous, êtres humains, n’utilisons que 10% des capacités de notre cerveau. Que se passerait-il si nous pouvions utiliser 100% de ses possibilités ? Voici le point de départ de Lucy, nouveau film de Luc Besson, projet de longue date du réalisateur, qu’il considère lui-même comme son projet le plus ambitieux. Doté d’un budget de 40 millions de dollars, tourné à la Cité du cinéma, avec un casting international, où l’on retrouve Scarlett Johansson, Morgan Freeman et Choi Min-Sik (Old Boy), le film est l’occasion pour Besson de revenir à la science-fiction, presque vingt ans après Le Cinquième élément.

Cependant, on peut rapprocher plus facilement Lucy de Nikita, autre film de Luc Besson, ayant acquis en France un statut culte, cependant assez largement surfait. Car si le film de 1990 possède d’indéniables qualités de genre, il regroupe également tout ce qui rend désagréable le cinéma du réalisateur, de l’humour lourdingue aux personnages taillés à la serpe, en passant par quelques passages ridicules et une niaiserie rarement atteinte. Tout comme le personnage campé par Anne Parillaud, Lucy est au départ un personnage bancal (une étudiante en Chine, lorsque Nikita était une junkie) qui va devenir malgré elle un tueur impitoyable.

Il s’agit pourtant du seul point commun avec Nikita, tant dans sa forme Lucy s’en éloigne, et il ne faut que quelques secondes pour s’en apercevoir. Ne sachant pas comment poser son postulat de base, Besson développe alors un montage alterné entre Lucy, se retrouvant malgré elle dans une histoire de drogue, et un cours de biologie en direct, donné par le professeur Morgan Freeman, qui passe une bonne dizaine de minutes dans un amphithéâtre, devant un pupitre à expliquer la théorie de Darwin (et, au cas où l’on n’aurait pas compris, nous avons droit à un homo-sapiens tapant deux silex pour faire un feu), la composition et l’utilisation du cerveau chez les êtres vivants sur Terre. C’est-à-dire, qu’en plus de nous donner des détails incompréhensibles et inutiles (tout ça n’apporte rien à l’intrigue), Besson nous explique à l’avance ce que l’on peut faire en utilisant plus de 10% de son cerveau, et donc par conséquent, nous raconte le film avant son déroulement, car Lucy aura la capacité d’utiliser plus de 10% de son cerveau.

Le spectateur étant déjà bien endormi, le reste du film ne l’aidera pas à se réveiller, tant Lucy ne se révèle qu’être un thriller mou du genou, où les explications scientifiques laissent leur place aux incohérences scénaristiques grossières (Lucy peut tuer sans problème tous les hommes de main du grand méchant du film, mais finir par l’épargner sans aucune explication), et aux scènes d’action sans aucun dynamisme et aucune mise en scène, là où Besson, à l’époque de Nikita, était capable de réelles inspirations sur quelques scènes. Ici, le réalisateur ne se contente que des effets de style les plus éculés du cinéma depuis dix ans, et a même recours à l’utilisation de stock shots (images issues de documents d’archives) pour expliquer ce que l’on est entrain de vivre à l’écran. Ainsi, alors que Lucy entre dans l’hôtel des trafiquants de drogue, le film montre l’image d’une souris se dirigeant vers une tapette avec un morceau de fromage, pour que l’on comprenne qu’elle se dirige vers un piège, au cas où l’on n’aurait déjà pas compris. Le summum du ridicule étant atteint lorsque Morgan Freeman parle de la période d’accouplement des animaux, et que Besson montre alors à son spectateur toutes sortes d’animaux entrains de s’accoupler, au cas où son spectateur ne sache pas ce qu’est l’accouplement.

A ce niveau, le spectateur en vient à se demander si Besson le prend littéralement pour un imbécile, ou s’il s’agit alors d’un hommage caché et sincère au Virus Cannibale de Bruno Mattéï, monument de la série Z des années 80. C’est sans doute la seule interrogation qui reste à la sortie du film, tant Lucy ne provoque que l’ennui et le désintérêt pendant la pourtant courte une heure et demie qu’il dure.

Lucy - Affiche
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Lucy

Sortie cinéma : 06 août 2014
Un film de : Productions :
Europa Corp.
Scénario : Avec : Durée :
01h29

Compositeur : ---
Budget :
$ 40 000 000

Box-office mondial :
$ 58,052,495

Classification : ---
Titre original :
Lucy

Saga : ---

A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté,  une jeune étudiante voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle « colonise » son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités.

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