Critique du film "Les Nouveaux Sauvages"

Le hasard nous aura fait découvrir Les Nouveaux Sauvages en même temps que les Oscars annoncent sa nomination en tant que Meilleur film étranger. Une surprise, d’autant plus impressionnante que le film ne constitue en aucun cas un véhicule à récompenses. Au contraire, le vent de liberté qui souffle sur cette bobine énervée la pose en contrepoint absolu au formatage académique attendu.

Troisième film de l’argentin Damián Szifrón, remarqué par la fratrie Almodovar qui a décidé de le produire. Une association qui pourrait sembler étonnante si l’on oublie que de la même manière, ils avaient donné un gros coup de pouce à la carrière de Guillermo Del Toro en encadrant son Echine du diable. Au vu du flair du réalisateur espagnol, la réussite n'est pas si surprenante. Le jeune cinéaste accouche d’une oeuvre hybride, film à sketchs jubilatoire dont la cohérence se fonde sur l’insolence et la méchanceté avec laquelle ses personnages se détruisent.

Porté par un réalisateur unique, Les Nouveaux Sauvages passe au travers de la malédiction dont souffrent la plupart des anthologies. Plus encore qu’une patte visuelle indéniable, c’est l’écriture et le montage qui impressionnent en instaurant une gradation qui permet à chaque segment de renouveler l’intérêt du métrage. Une gestion du rythme assez remarquable, et témoignant de l’inventivité constante du metteur en scène. Les sketchs s’enchainent ainsi avec la même énergie, n’hésitant jamais à verser dans la pure cruauté. Un vrai délire de sale gosse en somme, qui nous offre une destruction en règle des bonnes valeurs, mais à l’impertinence jamais gratuite.

Car loin de la coolitude cynique de certaines bandes de festival, Les Nouveaux sauvages témoigne d’un regard quasi anthropologique sur ses personnages, les malmenant jusqu’à l’usure pour leur faire accepter leurs propres dysfonctionnements. Cette dimension sociétale, sans être sociale, apporte une épaisseur supplémentaire à un film qui derrière ses oripeaux de grosse pantalonnade, cache en réalité une dimension profondément humaine. Alternant les genres et les registres avec une maitrise insolante, Szifrón crée une cohérence thématique jusqu’à l’explosion finale dans un sketch en forme de véritable morceau de bravoure. Il n’en fallait pas moins pour clore une oeuvre aussi folle, libre, et désespérément vivante.

Les Nouveaux sauvages - Affiche
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Critique du film "Les Nouveaux Sauvages"

Sortie cinéma : 14 janvier 2015
Un film de : Productions :
El Deseo, Kramer & Sigman Films
Scénario : Avec : Durée :
02h02

Compositeur : ---
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original :
Relatos Salvajes

Saga : ---

L'inégalité, l'injustice et l'exigence auxquelles nous expose le monde où l'on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent. Les Nouveaux sauvages est un film sur eux.

Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, les héros des Nouveaux sauvages franchissent l'étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amour, le retour d'un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouve l'indéniable plaisir du pétage de plombs.

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