Critique du film "La Planète des Singes : L'Affrontement"

La Planète des Singes : Les Origines a connu un succès considérable, permettant à la franchise de renaître aux yeux du public. Si le film n’a pas convaincu sur tous les points, il n’en demeurait pas moins une proposition honnête qui ne demandait qu’à être transcendé. Et c’est ici que débarque Matt Reeves.

Réalisateur de Cloverfield et Laisse-Moi Entrer, Matt Reeves a souvent été cantonné à un rôle de faire-valoir technique pour ses producteurs. Prisonnier d’un high-concept ou de l’aura d’un film intouchable, il n’a hélas jamais pu s’imposer en tant que véritable cinéaste. Ainsi, contre toute attente, le co-scénariste de The Yards débarque ici en conquérant et appose sa patte sur un édifice pourtant fragile.

Construisant le film sur les cendres du précédent opus, Reeves et son scénariste font le tri pour n’y conserver que la brillante mise en place du personnage de César. Ayant désormais le champ libre pour bâtir son propre univers, le cinéaste offre aux spectateurs frustrés d’un épisode préquel éludant son sujet, le fameux affrontement humano-simiesque attendu depuis des années. Et il va bien au-delà.

Si l’avancée technologique parcourue sur le premier opus forçait le respect, l’inégalité des effets sortait souvent les spectateurs du métrage. Ici, Joe Letteri et son équipe abattent leurs cartes et livrent un travail démesuré offrant au film un écrin renversant : qualité des textures, degré de réalisme des singes, cohérence de direction artistique…  Magnifiés par une 3D discrète mais nécessaire, les effets visuels permettent au film de rendre son univers aussi palpable qu’impressionnant. Une réussite qui se retrouve aussi dans les parties pris de mise en scène, privilégiant un certain naturalisme contrastant diamétralement avec le précédent épisode. 

Un rendu tout sauf lisse qui se retrouve aussi dans une narration exemplaire et audacieuse, osant même un premier quart d’heure intégralement muet. La Planète des Singes : L’Affrontement surprend au fur et à mesure de son avancée. Décrivant parallèlement le destin d’un groupe de survivant humains et celui des singes dirigés par César, le film se bâtit sur une intrigue limpide et linéaire (récupérer le courant) à laquelle Reeves ajoute une dimension tragique par le truchement de figures mythologiques qui épaississent durablement le récit.

Contrairement au premier opus, les personnages finissent par exister, sortant de leurs rôles pré-définis auxquels ils auraient dû se cantonner ; qu’il s’agisse de la cellule familiale que tend à faire exister un Jason Clarke charismatique, devenant dès lors une symétrie parfaite de César, ou l’intelligence du rôle de leader de Gary Oldman qui parvient à prendre le contre-pied de tout ce qui était attendu. L’Affrontement atteint un degré d’émotion rare grâce à la finesse du traitement accordé à ses personnages, alors même que la moitié d’entre eux ne sont qu’images de synthèse.

N’oubliant jamais son statut de blockbuster d’été, le film en profite pour offrir quelques scènes d’affrontement absolument remarquables, monuments d’action guerrière d’une violence morale et visuelle confirmant que le PG-13 n’est pas qu’une barrière. Se laissant même contaminer par quelques fulgurances de mise en scène qui marquent la rétine, rythmé par la forcément formidable bande son composée par Michael Giacchino, La Planète des Singes : L’Affrontement se montre à la hauteur de toutes les attentes. D’une simplicité déconcertante, techniquement impressionnant et bouleversant, il est un film d’artisan accompli et le digne représentant d’une race de film qui tend à disparaître. Rien que pour ceci, il est assurément la réussite de cet été.

La planète des singes : L'affrontement - Affiche
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Critique du film "La Planète des Singes : L'Affrontement"

Sortie cinéma : 30 juillet 2014
Drame
Post-apocalyptique
Un film de :
Matt Reeves
Productions :
20th Century Fox
Scénario :
Scott Z. Burns, Rick Jaffa, Mark Bomback
Avec :
Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell, Kodi Smit-McPhee, Judy Greer, Toby Kebbell
Durée :
02h10

Compositeur :
Michael Giacchino

Budget :
$ 170 000 000

Box-office mondial :
$ 673,399,336

Classification : ---
Titre original :
Dawn of the Planet of the Apes

Saga :
La Planète des Singes : Les Origines

Une nation de singes génétiquement évolués et de plus en plus nombreux, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains qui ont survécu au virus dévastateur qui s’est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui imposera l’espèce dominante sur Terre.

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