Deuxième film du réalisateur marseillais Cédric Jimenez, La French retrace la cavale menée par le juge Pierre Michel dans les années 1970 face à l’organisation criminelle la French Connection, qui produisait de l’héroïne à Marseille avant de l’exporter à New York, et tenue par le parrain Tany Zampa.

L’un des plus gros budgets de l’année en France, un important casting, l’une des plus grandes histoires de grand banditisme en France, et une bande-annonce alléchante, tout était réuni pour offrir un grand polar made in France, dans la lignée de réussites récentes comme Les Lyonnais ou A Bout Portant. Et les premières secondes du film laissent penser que Jimenez a réussi son pari, on y suit deux hommes à moto le long des routes marseillaises : les cadres sont précis, le découpage fluide, la photo se démarque des productions habituelles et donne à la ville de Marseille sa propre personnalité. La scène se finit par l’un des deux motards qui descend, et abat un homme en voiture, c’est tout de suite sec et violent, comme tout film de gangster qui se respecte. En quelques secondes, Gimenez nous montre qu’il n’est pas un manche, et donne envie de voir la suite.

La French est une opposition, un duel à distance entre deux représentants de deux univers différents : la justice avec Pierre Michel et le grand banditisme avec Tany Zampa. Et le film va s’appliquer à opposer les deux figures, leurs mondes, et ce jusqu’à ce que le juge, pour devenir plus efficace, ne commence à se rapprocher de la ligne qui sépare les deux camps. Pour cela, la grande force du film est d’avoir réussi à provoquer de l’empathie envers les deux personnages, grâce à une présentation rapide et efficace, ainsi qu’à une caractérisation réussie et à la prestation des deux acteurs, qui habitent vraiment leur personnage.

C’est la même raison qui rend le film moins intéressant lorsqu’il s’éloigne de ses personnages pour dépeindre un univers particulier. Lorsque Jimenez décrit le fonctionnement de La French Connection et le quotidien fait d’argent, de paillettes des gangsters, sur un montage rapide, alterné, avec une musique rock’n roll on perçoit bien sur l’influence d’un réalisateur comme Martin Scorsese sur Les Affranchis et Casino. Mais l’influence est trop visible et ne fonctionne pas sur La French, tout le monde n’ayant pas le génie du réalisateur de Taxi Driver. Une remarque qui peut s’appliquer à la scène de confrontation entre Dujardin et Lelouche, reprise sur la rencontre entre Al Pacino et Robert De Niro dans Heat de Michael Mann. Malgré de beaux plans, la scène n’a pas l’impact recherché. Ainsi, lorsque le réalisateur cite clairement de grands cinéastes américains, il ne se montre pas à la hauteur, et le film ne fonctionne pas.

En revanche, lorsqu’il se concentre sur les personnages, et lorsqu’il parvient notamment à mettre en scène un Pierre Michel acharné, qui use de toutes ses forces pour combattre un système trop grand pour lui, quitte à mettre en péril sa vie professionnelle et sa vie de famille, le film se révèle captivant, et parfois émotionnellement fort, et rappelle les films de la fin de carrière d’Henri Verneuil, tels I…Comme Icare ou Mille Milliards de dollars. Gimenez fait d’ailleurs un petit clin d’œil au cinéaste, lors d’une scène où Dujardin travaille dans son salon, pendant que le poste de télévision en arrière plan diffuse Cent Mille Dollars au soleil, l’un des plus grands films de Verneuil. Ainsi, lorsque La French est un polar qui se concentre avant tout sur ses personnages, le film fonctionne et garde son spectateur.

Sans être un grand film de gangsters français, La French peut être considéré comme une réussite, en se basant sur des qualités artisanales, un scénario cohérent (malgré quelques raccourcis grossiers), une mise en scène soignée et un casting général très convaincant, mention spéciale aux deux acteurs principaux, qui donnent complètement vie à leur personnage. En tout cas, ne serait-ce que pour l'ambition affichée d'offrir un grand film populaire français, et pour l'application générale mise sur le métrage, La French mérite que l'on se déplace en salles.

La French - Affiche

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La French

Sortie cinéma : 03 décembre 2014

Un film de :

Cédric Jimenez

Productions :

Gaumont

Scénario :

Cédric Jimenez, Audrey Diwan

Avec :

Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Céline Sallette, Benoît Magimel, Mélanie Doutey

Durée :

02h15

Compositeur : ---
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original : ---
Saga : ---

Marseille. 1975. Pierre Michel, jeune magistrat venu de Metz avec femme et enfants, est nommé juge du grand banditisme. Il décide de s’attaquer à la French Connection, organisation mafieuse qui exporte l’héroïne dans le monde entier. N’écoutant aucune mise en garde, le juge Michel part seul en croisade contre Gaëtan Zampa, figure emblématique du milieu et parrain intouchable. Mais il va rapidement comprendre que, pour obtenir des résultats, il doit changer ses méthodes.

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