Bien qu’il s’agisse d’une sortie dite « technique », c’est avec joie que nous pouvons apprécier le nouveau film de Tsui Hark, La Bataille de la Montagne du tigre, qui se situe dans la continuité de ses précédentes œuvres, Détective Dee 2 : Le Mystère du Dragon des mers en tête.

Il était l’instigateur de la « Nouvelle vague » du cinéma de Hong Kong il y a près de quarante ans avec The Butterfly Murders, il porte aujourd’hui le cinéma chinois à bout de bras, réalisant de grands films populaires avec d’énormes budgets, ce qui ne l’empêche pas de rester le cinéaste expérimental le plus inventif de ces trente dernières années, et de revisiter l’histoire de Chine à chaque nouveau long métrage. Il s’agit du génial Tsui Hark, dont chaque nouveau film est propice à de nouvelles expérimentations visuelles, et ce, quelque soit le genre traité, du film historique au Wu xia pian, en passant par le polar.

Chaque nouveau film permet au cinéaste de traiter une partie de l’histoire de son pays, et d’effectuer un parallèle avec le pays qu’est devenu la Chine aujourd’hui, un travail qu’il effectue depuis le début de sa carrière. Avec L’Enfer des armes ou Il était une fois en Chine, le réalisateur se servait d’un fait divers (trois adolescents bourgeois qui s’amusent à poser des bombes dans des cinémas pour passer le temps) et du parcours de Wong Fei Hung (médecin et maître d’une école de Kung-fu, interprété par Jet Li) pour pointer la colonisation de Hong Kong par les anglais. Plus récemment, dans Détective Dee : Le mystère de la Flamme jaune, l’intrigue de détective permettait au réalisateur de décrire les coulisses, manipulations et trahisons du pouvoir central chinois. Ici, le cinéaste relate un évènement historique survenu juste à la fin de la Seconde Guerre mondiale, pendant la guerre civile, l’affrontement entre un groupe de bandits sans pitié et une unité de l’Armée de Libération. Mais comme le dit le cinéaste lui-même, ce n’est pas tant de raconter l’histoire qui l’intéresse (les évènements sont éloignés de la réalité historique), mais plutôt que l’histoire survit et se transmet aux générations suivantes d’abord à travers les grands récits populaires avant les livres. Et ce propos prend tout son sens avec le parti pris de faire débuter le film de nos jours, avec un jeune cadre chinois qui se trouve être le descendant de l’un des soldats de l’unité, et dont le final, aussi beau que jouissif, résumera tout le propos du cinéaste.

Car plus qu’un film historique, La Bataille de la Montagne du tigre est avant tout un grand film d’aventures, qui emprunte aussi bien aux serials des années 50 qu’aux James Bond, à Indiana Jones ou aux jeux vidéos (le chef des bandits qui ressemble à Heihachi de Tekken), et qui glisse à partir de la fin de son premier tiers vers le film de survie et d’assaut, et dans le même temps dans le film d’espionnage lorsqu’un des membres de l’unité devra infiltrer le gang. Tsui Hark est avant tout un grand réalisateur d’action qui n’hésite pas à en mettre plein la vue à son spectateur, ce qui encore le cas sur ce film. De l’attaque de la réserve au début, en passant par la bataille du village ou par l’assaut final de la forteresse, le film possède bon nombre de morceaux de bravoure spectaculaires et jouissifs. Avec en point d’orgue, deux scènes clés qui méritent à elles-seules le déplacement, à savoir l’attaque du tigre, et le duel final sur l’avion, deux scènes impressionnantes, aussi bien dans la chorégraphie, la scénographie, l’utilisation de l’espace et de la 3D.

Cinéaste expérimental depuis ses débuts, le réalisateur Tsui Hark pense chacun de ses films comme l’occasion de tester sa mise en scène, de repousser son style encore plus loin que lors du précédent, The Blade représentant l’apogée de ce style. Et La Bataille de la montagne du tigre n’échappe pas à cette règle. Et si le film semble en apparence plus sage dans sa mise en scène, qui se révèle plus classieuse et posée dans une grande partie des scènes, elle se trouve être d’une inventivité rare lors des scènes d’action du film, le cinéaste se permettant même de reprendre un effet de style éculé depuis 15 ans, à savoir le bullet time (ce plan au ralenti qui suit tout le trajet d’une balle tirée, depuis le pistolet jusqu’à l’impact sur sa cible), pour le réinventer totalement dès la première scène d’action, et justifier en quelques secondes l’utilisation une nouvelle fois de la 3D (ce qui est le cas depuis Flying Swords Of Dragon Gate), qui offre de nouvelles possibilités au réalisateur pour sa mise en scène.

Malgré une carrière de plus de trente ans, Tsui Hark n’a pas fini de se réinventer à chaque nouveau film tout en gardant sa personnalité, ce qui est de nouveau le cas de La Bataille de la montagne du tigre, que nous découvrons tout juste un an après la claque de Détective Dee : La Légende du Dragon des mers. Réjouissant, et épique, empruntant aux serials à l’ancienne dans son enchaînement de péripéties, le nouveau film de Tsui Hark est un vrai rafraichissement, et prouve (s’il était encore nécessaire) que son réalisateur est bien encore plusieurs coudées au-dessus de tous les autres en Asie.

La Bataille de la Montagne du Tigre - Affiche

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La Bataille de la Montagne du tigre

Sortie cinéma : 17 juin 2015

Un film de :

Productions : --- Scénario :

Avec :

Yu Nan, Ling Geng Xin, Gao Hu, Zhou Dong Yu, Tong Liya, Tony Leung Ka Fai, Zhang Han Yu

Durée :

02h20

Compositeur : ---
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original :

The Taking of Tiger Mountain

Saga : ---

En 1946, après la capitulation japonaise, la guerre civile fait rage en Chine. Des bandits sans foi ni loi en profitent pour occuper le nord-est du pays. Hawk est le plus puissant et le plus redouté de ces barbares. Avec ses hommes, il vit dans une forteresse imprenable, lourdement armée, au sommet de la Montagne du Tigre. L’Unité 203 de l’Armée de Libération traverse cette région lorsqu’elle tombe sur des hommes de Hawk en train de piller un village. Le Capitaine 203 décide alors de rester et de combattre le chef de ses criminels. Mais, cela n’est possible que si l’officier de reconnaissance Yang réussi à s’infiltrer d’abord dans le camp retranché de Hawk. Une bataille impitoyable, faite de force et de ruse, commence…

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