Expendables 3

Les sorties successives d’Expendables 2 et Du Plomb dans la tête nous amenaient à nous demander si Sylvester Stallone n’était pas entrain de refaire les mêmes erreurs que par le passé. Alors au sommet d’une carrière qu’il avait presque bâtie seul, il a réussi à la détruire avec la même facilité, en se retrouvant dans des films d’action déjà ringards pour leur époque (Rambo 3, Cobra, L’Expert), et surtout en tentant de draguer un public plus large en suivant les modes, qui ont donné des films aussi honteux que L’Embrouille est dans le sac, Arrête ou ma mère va tirer !, Get Carter, Driven, Mission 3D : Spy Kids 3.

Alors qu’il réussit à revenir sur le devant de la scène, en redonnant leurs lettres de noblesses aux personnages de Rocky et Rambo, et en leur offrant une fin digne de leur statut, il se lance dans le projet Expendables, un film d’action qui ressuscitait les « Action star » des années 80, et donner une alternative aux fans d’un genre devenu de plus en plus « propre », où les muscles, la sueur, le sang, et la testostérone font désormais place aux métrosexuels bien peignés et maquillés, capables d’attirer dans les salles les spectatrices de Twilight (voir Identité Secrète avec Taylor Lautner). Et, s’il est loin d’égaler un Rocky ou un Rambo, s’il est bâclé dans sa forme, Expendables était une vraie bouffée d’air frais, un film généreux, fait avec envie, où Stallone donnait toute son énergie comme s’il s’agissait d’un ultime baroud d’honneur.

Le succès du film a entraîné rapidement la mise en chantier d’une suite, mais cette fois, l’envie n’habitait plus Stallone. Ce dernier se contentait en effet du scénario (appelons ça comme ça) et du rôle principal, confiant la réalisation à un technicien de troisième zone (Simon West, réalisateur de Lara Croft : Tomb Raider, Les Ailes de l’enfer, et Le Déshonneur d’Elisabeth Campbell), et n’effectuant plus ses combats, là où il faisait ses cascades et se foutait sur la tronche avec le catcheur Steve Austin dans le premier volet. L’ambition n’était également plus la même, et l’envie de donner un vrai film d’action décomplexé laissait place à un produit Marketing, où les anciennes gloires s’empilaient uniquement pour faire un clin d’œil à ce qui a fait leur gloire quelques instants. Ainsi, Jean-Claude Van Damme n’était là que pour faire son coup de pied retourné, Chuck Norris (a-t-il déjà eu un moment de gloire ?) pour son fameux « Chuck Norris fact », Schwarzy pour réciter 5 fois en 10 minutes son « I’ll be back » de Terminator, et Bruce Willis son « Yippie Kaï » de Die Hard

Malheureusement, ce troisième épisode prend la même direction que son prédécesseur, de façon « bigger and louder », puisque l’on a ainsi encore plus de stars au casting, pour encore moins de personnages existants.        Ainsi, les nouveaux noms au casting n’ont presque aucune utilité, et ne sont là que pour leur scénette de deux minutes : Wesley Snipes pour son évasion de prison lors de l’introduction (qui fait référence à ses déboires avec le fisc), Harrison Ford pour une scène où il pilote un hélicoptère (une référence à Han Solo ?), Antionio Banderas se retrouve à faire le side kick comique et à cabotiner comme dans La Légende de Zorro, Robert Davi fait un caméo de deux minutes (n’importe quel figurant aurait fait l’affaire), et Mel Gibson joue un bad guy en costume se baladant dans des expositions d’art. Expendables 3 devient ainsi officiellement le pendant de Stallone envers Rodriguez et ses Machete, qui faisaient apparaître d’anciennes stars pour leur faire jouer un caméo de deux minutes.  

Mais le pire arrive à la fin du premier tiers du film, lorsque Stallone utilise un prétexte scénaristique (la nécessité, face à un adversaire redoutable, de renouveler et rajeunir les Expendables) pour faire rentrer dans le film de nouveaux acteurs, Kellan Lutz, Ronda Roussey, Glen Powell et Victor Ortiz, plus accessibles pour un public plus large et plus jeunes, mais qui ne correspondent pas du tout à la volonté de départ de Stallone sur le premier Expendables, et qui surtout va à l’encontre de ce que recherche le public de la saga, à qui l’acteur tourne alors véritablement le dos. Ainsi, lors du deuxième tiers du film, toute cette équipe remplace les acteurs phares de la saga, et les Jason Statham, Dolph Lundgren, Randy Couture, Arnold Schwarzenegger, Wesley Snipes disparaissent du film pendant près de 45 minutes, qui, alors, n’est plus vraiment un film Expendables.

Mais tout ceci aurait quand même pu passer, si ce Expendables 3 était au moins un film d’action de qualité, ce qui est loin d’être le cas.Et malgré un début sympathique, et quelques rares moments funs, il ne s’agit au final que d’une suite « bigger and louder », avec des scènes d’action sans aucune originalité ou inventivité, où les héros se contentent de vider leurs chargeurs sur des figurants des pays de l’Est, dans des décors miteux des pays de l’Est où aurait refusé de tourner Steven Seagal, ce qui démontre bien l’ambition du film, et où sont passés les 90 millions de dollars du film (dans les cachets des stars avant la fabrication du film). Le réalisateur Patrick Hugues, auteur d’un Red Hill plutôt réussi, a beau tenter de rendre son film correct visuellement, il ne parvient pas à masquer la pauvreté de l’ensemble, où il y a plus d’explosions et de coups de feu, mais rien de bien marquant. Le final, tourné dans une zone désaffectée d’un pays de l’Est, simple succession d’explosions, fait bien pâle figure face à celui du premier épisode, qui reste l’une des scènes d’action les plus jouissives de ces dernières années, tout comme le combat entre Stallone et Gibson, où leurs doublures se donnent 3 pauvres coups dans le bide avant de se terminer au revolver. C’est d’autant plus rageant que le film est vidé de toute la violence graphique de ses prédécesseurs, principalement due à sa classification PG-13, encore une fois pour ratisser un public plus large. Même le casting a du mal à cacher son désintérêt, et seuls Antonio Banderas et Wesley Snipes semblent réellement s’amuser, et seul le charisme ravageur de Mel Gibson parvient à masquer la pauvreté de son personnage.

La tendance de Stallone à faire de mauvais choix de carrière refait surface, et cela devrait se poursuivre, car malgré la veste que se prend Expendables 3 au box office, l’acteur a d’ores et déjà annoncé qu’un quatrième épisode verrait le jour, et qu’il se penchera par la suite sur un cinquième épisode de Rambo, qui pourrait donc gâcher la très belle fin que lui avait réserver le précédent. C’est d’autant plus dommage de le voir s’enfermer dans ces différentes suites que l’acteur-réalisateur-scénariste avait d’autres projets bien plus intéressants en tête. Il rêve toujours de réaliser un film sur Edgar Allan Poe, et avait à une période envisagé de tourner Rampart Scandal, un film sur l’enquêteur Russell Pole, qui avait mis à jour un vaste réseau de corruption dans une unité anti-drogue de la police de Los Angeles, et dont ceux-ci auraient été impliqués dans les meurtres des rappeurs Tupac et Notorious B.I.G. Des projets qui ne verront malheureusement probablement jamais le jour. 

Expendables 3 - Affiche
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Expendables 3

Sortie cinéma : 20 août 2014
Compositeur : ---
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original :
The Expendables 3

Saga :

Barney (Sylvester Stallone), Christmas (Jason Statham) et les autres membres de l'équipe doivent affronter Conrad Stonebanks (Gibson), qui a cofondé les Expendables avec Barney, des années plus tôt. A l'origine de leur rupture : Stonebanks est devenu au fil des années un marchand d'armes sans scrupules et Barney fut obligé de l'abattre... Du moins, c'est ce qu'il pensait. Stonebanks qui s'est fait passer pour mort pendant des années cherche désormais à se venger de l'opprobre et veut éliminer les Expendables. Barney monte alors une nouvelle équipe d'Expendables plus portée sur la technologie pour lutter contre cet ennemi surpuissant.

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