Critique du film "Evil Dead"

 

Depuis le début de la vague de remakes qui s’est abattu sur les classiques du cinéma d’horreur, une appréhension revenait souvent : Evil Dead. Combien de temps avant qu’ils n’osent remettre au goût du jour un film aussi matriciel et ancré dans son époque dont la survie à travers les années provient surtout de l’identité de son metteur en scène et des expérimentations auxquelles il se livra ? Et lorsque le projet fut officialisé, alors qu’une horde de fans attendaient encore et toujours une suite providentielle, la présence du créateur en tant qu’instigateur sema le doute jusqu’aux plus engagés dans la lutte contre les remakes. La succession d’annonces les plus folles et de promesses en tous genres, comme celle d’un spectacle artisanal aux hectolitres de sangs bien réels, transforma un projet initialement conspué en espoir de la nation. Le remake d’Evil Dead rejoindra-t-il la courte liste des « bons » remakes ? Et surtout est-il possible qu’il soit le sauveur tant attendu  d’un genre tombant années après années dans la décrépitude ?

En évacuant tout de suite les espoirs les plus fous placés entre les mains de ce jeune réalisateur, car le film ne renouvellera bien évidemment pas le choc de l’original à sa sortie (en même temps, en était-ce le but ?), il faut malgré tout se rendre à l’évidence, Evil Dead version 2013 s’avère être l’une des bobines horrifiques les plus revigorantes vues depuis plusieurs années.

 

En ne cherchant jamais à singer le film de Raimi et refusant de reproduire un schéma narratif exploité jusqu’à l’usure, Fede Alvarez impose d’emblée une direction très personnelle renouvelant totalement un univers que l’on pensait connaître sur le bout des doigts. Offrant à ses personnages une vraie raison à leur présence et donnant même une justification à leur volonté de rester jusqu’au bout, il marque des points là où on ne l’attendait pas forcément. Le réalisateur et scénariste tente de donner de l’épaisseur à des personnages qu’il veut différents des archétypes du genre. Une volonté qui malheureusement ne réussit qu’à moitié, tous n’étant pas logés à la même enseigne au niveau de l’écriture ou même de l’interprétation (Shiloh Fernandez, grosse erreur de casting). Un fait dommageable tant les bonnes idées sont là, comme celle de mêler les effets de la possession aux conséquences du sevrage du personnage principal.

De même, alors que le film arrive habilement à rendre hommage au film original au détour de détails savamment distillés tout en réussissant à s’en écarter quand il le faut, sa trop grande révérence l’empêche de trouver sa propre voie. Ainsi, certains éléments qui fonctionnaient avec la tonalité des films de Raimi sont injectés ici, en plein cœur d’un univers bien plus noir et premier degré, et dénotent parfois avec l’atmosphère générale. Pourtant, l’effet escompté est bien présent : revoir les scènes attendues sous un angle inédit les rend d’autant plus inattendues et surprenantes.

 

Jonglant durant sa première heure et quart entre bonnes intentions et défauts parfois embarrassants (Lou Taylor Pucci canalise à lui seul tous les travers de l’horreur d’aujourd’hui), Evil Dead suit malgré tout une constante qui englobe tout le film. Jamais lisse, jouant avec les textures et les matières pour offrir une image organique à souhait, la photographie  sublime la mise en scène inspirée et expressionniste du jeune réalisateur et impose son film comme un objet visuellement fascinant.

Et c’est ainsi dans son dernier quart d’heure, après un changement de direction aussi habile que surprenant, lorsque Fede Alvarez décide de se séparer totalement de son héritage, que le film dévoile tout son potentiel. Sous une pluie de sang, tout en fureur (bien aidé par le score très Christopher Young de Roque Baños), le réalisateur assume pleinement son statut d’esthète de l’horreur et offre de purs instantanés de plaisir, sculptant le gore et stylisant à l’extrême ses plans picturaux de toute beauté pour laisser son personnage survivant devenir l’icône tant attendue dans un sommet de violence visuelle qui clôt le métrage de la plus belle des manières.

 

Un final dantesque qui fait quelque peu oublier les scories passés et permet à Fede Alvarez de passer haut la main son examen d’entrée dans le monde de l’horreur. Ayant volontairement pris ses distances tout en conservant ce qui fait l'ADN du métrage original, le réalisateur est ainsi parvenu à relever le périlleux défi du remake. Mettant de côté tout cynisme faisant pourtant intrinsèquement parti du genre depuis plusieurs années, Evil Dead est le film d'un artisan passionné, un retour aux fondamentaux aussi imparfait que revitalisant.

Evil Dead - Affiche
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Critique du film "Evil Dead"

Sortie cinéma : 01 mai 2013
Un film de : Productions :
TriStar Pictures
Scénario : Avec : Durée :
01h30

Compositeur :
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification :
Titre original :
Evil Dead

Saga : ---

En proie à des problèmes d'alcool, Mia se rend dans une cabane isolée dans les bois, en compagnie de son frère et d'un groupe d'amis. Sur place, la découverte d'un mystérieux "Livre des Morts" les plonge dans l'horreur.

 

 

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