Critique du film "Avengers : L'ère d'Ultron"

Suite du troisième plus gros succès de tous les temps, Avengers : L’ère d’Ultron s’impose forcément comme l’un des grands rendez-vous de l’année. Climax de la phrase 2, mais en même temps introduction à la Civil War tant attendue, le film de Joss Whedon se devait de satisfaire tout le monde. Même les plus réfractaires au Marvel Cinematic Universe (MCU) ?

Qu’on se le dise d’entrée de jeu, l’auteur de ces lignes ne porte pas forcément la franchise de la fabrique à rêve dans son coeur. Non pas que les films soient fondamentalement mauvais (quoi que, parfois…), mais ils représentent parfaitement cette idée du blockbuster télévisuel, films conçus comme des épisodes d’un ensemble dont ils forment le tout, et dont la construction narrative se base sur une succession de micro-enjeux, cliffhanger et teasing qui les empêche de ne procurer autre chose que du plaisir immédiat, où même la vanne prend le pas sur l’empathie. Ajoutons à cela une tenue visuelle relativement fade, sans génie, sans intensité, mais un conformisme obligatoire faisant que chaque épisode ressemble au précédent. Un mimétisme qui aurait effrayé le Philip Kaufman de L’invasion des profanateurs, lui qui pourtant avait su mixer si habillement la légèreté avec le grand spectacle dans son scénario des Aventuriers de l’arche perdue (une comparaison foireuse, mais là n'est pas l'intérêt).

 

C’est que le blockbuster a su muter en plus de 30 ans. Formidable opération commerciale que de rendre chaque film dépendant de son prédécesseur et de son successeur. Si Avengers premier du nom choisissait encore de présenter ses personnages, malgré les films « prequel », L’ère d’Ultron se permet justement de prendre pour acquis les évènements passés, faisant confiance au spectateur pour rassembler les morceaux. Pourtant, s’il faudrait être mauvaise langue pour pester contre cette volonté d’enfin plier la logique commerciale à sa narration, faute est de reconnaître que le scénario brouillon détruit une à une les bonnes idées. Difficile de s’y repérer, d’autant que les coupes franches aggravent la situation. Entre personnages sacrifiés (sans compter ceux qui n’ont pu se libérer pour la grande fête, et dont ont cherche à justifier l’absence), parenthèses inutiles (dont une balade champêtre interminable), et un blabla profondément chiant, les deux heures trente semblent paradoxalement ne rien raconter. Surtout, les projecteurs semblent déjà tournés vers Captain America 3 et Avengers 3, donnant l’impression d’un simple film transitoire dont l’intrigue a été brodé car il fallait bien faire un numéro 2. Ironiquement, Avengers 2 a une place un peu à part dans le MCU, dévoilant des personnages qui semblent n’avoir jamais évolué depuis le premier épisode. Un comble.

Des personnages qui se retrouvent d'ailleurs esquissés jusque dans leurs représentations les plus archétypales, dont un Thor présenté comme un gros lourd et un Captain America qui ne supporte pas les gros mots. Des défauts qui ne pardonnent pas, mais vraiment dommageable tant le film réserve quelques instants au potentiel réjouissant. On pense par exemple au réveil d’Ultron, séquence cruelle à la dimension horrifique assumée faisant du personnage une menace réellement palpable (juste un temps, cependant), ou encore un climax impressionnant qui met enfin à profit le travail d’équipe qui devrait caractériser les Avengers. Deux excellents morceaux au coeur d’un film donc les grosses scènes semblent à chaque fois former des mini-sketchs déconnectés du reste. Le combat Iron Man - Hulk en est la première victime, scène pourtant majeure mais dont la mauvaise gestion rythmique amoindrit l’impact, et dont le déroulement rappel finalement le plan « machiavélique » de Loki dans le premier film. Ajoutons à cela une mise en scène toujours aussi statique de Joss Whedon, qui ne profite même pas de l’apport du cinemascope pour prendre de la hauteur sur son sujet. Pire, le cadre horizontal semble donner du fil à retorde au créateur de Buffy qui enchaine quelques séquences au découpage peu lisible, pas aidé il est vrai par une photographie terriblement pauvre. Et ce ne sont pas les deux plan-séquences du film, carte de visites d’infographistes à la fausse virtuosité volontairement ostentatoire, qui donneront à ce nouveau rendez-vous manqué plus de corps…

 

Certains critiques, déçus par le caractère foncièrement déceptif du film, s’attachent à considérer L’ère d’Ultron comme le premier véritable ratage de Marvel. Ce serait donner trop d’importance aux précédentes incartades qui souffrent finalement des mêmes maux. Avengers 2 n’est que la conséquence de l’échec d’une vision à long-terme du story-telling, tentative de transformer une franchise cinématographique en série tv dont chaque épisode de plus de deux heures se retrouverait budgeté à plus de 150 millions de dollars. C’est rassurant, et en même temps désolant tant le succès public confortera Marvel dans ses choix. Dès lors, inutile de s’étonner du départ de cinéastes peut être trop conscients. Avengers : L’ère d’Ultron, meilleur ou moins bon que le premier ? C’est juste du pareil au même, et ça devrait pas changer par la suite.

Avengers : L'ère d'Ultron - Affiche
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Critique du film "Avengers : L'ère d'Ultron"

Sortie cinéma : 22 avril 2015
Compositeur :
Budget :
$ 250 000 000

Box-office mondial :
$ 686,542,314

Classification : ---
Titre original :
Avengers : Age of Ultron

Saga :

Les Studios Marvel réunissent à nouveau les plus grands super-héros de tous les temps dans une nouvelle production aussi épique que spectaculaire: AVENGERS : L’ERE D’ULTRON. Alors que Tony Stark tente de relancer un programme de maintien de la paix jusque-là suspendu, les choses tournent mal et les super-héros Iron Man, Captain America, Thor, Hulk, Black Widow et Hawkeye vont devoir à nouveau unir leurs forces  pour combattre le plus puissant de leurs adversaires : le terrible Ultron, un être technologique terrifiant qui s’est juré d’éradiquer l’espèce humaine. Afin d’empêcher celui-ci d’accomplir ses sombres desseins, des alliances inattendues se scellent, les entraînant dans une incroyable aventure et une haletante course contre le temps…

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