Antigang

Le buddy movie (« film de potes » en français) est un genre popularisé par le cinéma américain au début des années 80, où deux personnages totalement opposés et se détestant vont devoir faire équipe, pour finalement devenir les meilleurs amis du monde. C’est le succès mondial de l’excellent 48 Heures de Walter Hill qui a popularisé ce genre, devenant ainsi une recette à succès du cinéma d’action des années 80 et 90 (on cite, en vrac, L’Arme Fatale, Le Dernier Samaritain, La Relève, Double Détente, Tango & Cash…). Mais bien avant d’être associé au film d’action américain, le buddy movie est longtemps resté un genre très développé et populaire en France, puisque c’est sur ce modèle que se sont construits les succès populaires que sont Le Corniaud, Le Cerveau, Ne nous fâchons pas, La Chèvre, ou Les Spécialistes.

L’ambition de cet Antigang est donc de renouer avec le buddy movie qui squattait fréquemment les salles de cinéma et créait l’évènement il y a encore quelques années. Pour son troisième film, Benjamin Rocher, co-réalisateur de La Horde et de Goal Of The Dead, délaisse donc le film d’horreur et les zombies pour se lancer dans la comédie d’action pure. Véritable passionné et féru d’un cinéma fun et décomplexé, ce dernier ne cache pas sa volonté de retrouver l’esprit ludique et généreux des productions américaines des années 80.  

L’objectif affiché et assumé du film est de proposer un film d’action fun et divertissant pour son spectateur, et il s’y tient. Le métrage ne perd pas de temps en expositions longues et inutiles et plonge directement dans le vif du sujet, où l’on assiste dès le générique à une descente de la brigade antigang dans un entrepôt pour coffrer un groupe de braqueurs, sous fond de musique entraînante, où s’enchaînent coups de latte et punchlines, avec « freeeze » sur l’écran où apparaissent les différents membres du casting. Le ton est donné, et permet de présenter rapidement la brigade et ses différents membres. Le réalisateur et les scénaristes parviennent ainsi à trouver le bon équilibre au niveau des personnages, en racontant juste ce qu’il faut et en montrant un esprit de camaraderie suffisant pour que l’on puisse s’attacher à eux.

Le reste du métrage prolonge cette même veine, le film part d’un postulat classique du polar, à savoir une brigade antigang face à des braqueurs violents, ainsi que du buddy movie, notamment avec le personnage de légende de la police interprété par Jean Reno faisant équipe avec un jeune loup plein de fougue campé par Alban Lenoir. Antigang rempli en tout cas aisément son contrat, proposant un film d’action rythmé, dont l’alternance entre la comédie et l’action ne laisse pas le temps au spectateur de s’ennuyer, le film proposant quatre grosses scènes d’action, une course poursuite en pleine forêt, des bastons bien chorégraphiées par Manu Lanzi (avec une utilisation des battes de baseball et du bélier savoureuse), et surtout le morceau de bravoure principal, à savoir cette grosse fusillade empruntée à Heat en plein cœur de Paris, dans le quartier de la BNF.

Pour son troisième film, Benjamin Rocher semble arriver à une forme de maturité, Antigang étant son film le mieux rythmé et le mieux maîtrisé. Bien aidé par une photographie réussie et haute en couleurs, qui à la fois correspond à la volonté du metteur en scène de proposer un film véritablement fun, et qui tranche totalement avec la tendance grisâtre et fade de la majorité de la production française, y compris dans les scènes se déroulant dans des lieux plus sombres, notamment dans le parking ou le garage.

 Sa mise en scène se révèle également sèche lors des moments violents, et parvient à être à la fois dynamique et lisible lors des scènes d’action, sans être dénuée d’idées. Surtout, le réalisateur parvient vraiment à donner de la personnalité à la ville de Paris, et il faut bien avouer que voir enfin un réalisateur utiliser le format 2 :35 pour filmer la capitale sonne comme un rafraichissement. Rocher parvient à mettre en valeur l’architecture de la ville et compose quelques plans aériens superbes de Paris, dont une plongée sur les routes parisiennes directement empruntée à Collatéral de Michael Mann. Surtout, le réalisateur se montre plus confiant et ose même un plein milieu du film une vraie rupture de ton, suite à un évènement au sein de la brigade, donnant une tonalité plus sombre au métrage, et servant de passage à témoin entre Jean Reno et Alban Lenoir, qui est alors mis en valeur.

Bien sur, tout n’est pas parfait dans le film, et l’on peut toujours critiquer un manque de dialogues percutants et un final pas à la hauteur du reste du métrage, mais cela ne gêne pas la vision. Au final, Antigang se pose comme un petit rafraîchissement dans le paysage du cinéma français, un film sans autre prétention que de proposer un spectacle efficace et fun à son spectateur, mais surtout un film appliqué dans sa réalisation, disposant d’un casting dans l’ensemble solide, notamment un excellent Alban Lenoir (et malgré Jean Reno pas toujours à l’aise) et qui sait à la fois faire des clins d’œil à ses nombreux modèles tout en ayant sa propre personnalité.

Antigang - Affiche
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Antigang

Sortie cinéma : 19 août 2015
Un film de : Productions :
Capture the Flag Films
Scénario : Avec : Durée :
01h30

Compositeur : ---
Budget : ---
Box-office mondial : ---
Classification : ---
Titre original : ---
Saga : ---

Serge Buren est un flic de légende, entouré d’une bande de jeunes flics aux méthodes peu conventionnelles. Qu’importe qu’ils utilisent des battes de baseball ou « oublient » le règlement au cours d’arrestations spectaculaires, les résultats sont au rendez-vous ! C’est alors qu’un groupe de braqueurs meurtriers entre en scène, dévalisant avec une facilité déconcertante banques et bijouteries de la capitale, à coup d’armes de guerre et de scénarios imparables. Face à tant d’ingéniosité et de brutalité, Buren et son unité se retrouvent confrontés à une situation délicate :leurs méthodes expéditives suffiront-elles à arrêter ces criminels autrement plus machiavéliques ?

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