PIFFF 2014 : Premier jour

PIFFF 2014 : Premier jour

Retour sur une première journée de festivités parfaitement calibrée.

On le sait désormais. Il ne faut jamais griller toutes ses cartes dès le début. Le PIFFF a décidé de suivre ce conseil et de prendre son envol au fil des jours. Ainsi, si cette première journée ne balance aucune réelle claque, elle s’avère être une délicieuse mise en place et laisse espérer une montée en puissance cataclysmique.

La compétition commence ainsi dès 14 heures avec l’énigmatique Time Lapse. Oeuvre de SF minimaliste, annoncée dans la lignée de l’exigeant Primer, ce premier film imparfait dans son développement se montre étrangement parfaitement maîtrisé dès lors que le rideau tombe. Effectivement, de mémoire vive, peu de twists avaient aussi bien joué leur rôle. Eclairant des zones d’ombre que l’on pensait être le fruit de l’échec du réalisateur à faire évoluer ses personnages, Time Lapse se plaît à dérouler un récit attendu pour le remodeler dans ses derniers instants. L’écriture fait ainsi preuve d’une implacable intelligence, même si certains choix paraissent obscures aux premiers abords, car tout fini par trouver sens. Dommage qu’il faille endurer certains errements, pourtant indispensables, avant d’obtenir satisfaction. Si Matt O’Leary et Danielle Panabaker s’en sortent avec les honneurs, le jeu outré de George Finn parait trop forcé pour être honnête. Tout comme les seconds rôles qui, ancrés dans leur caricature, ont bien du mal à exister. C’est regrettable, car le tour de force était impressionnant !

 

 

En guise d’entre-deux, le PIFFF propose de redécouvrir les toujours aussi séduisantes Griffes de la Nuit. 30 ans après, le film ne vieillit que peu, même s’il conserve indéniablement les vestiges de son époque. Wes Craven y dévoilait un trésor d’inventivité et un ludisme qui prédisposaient forcément au virage de carrière que l’on connaît. Sous les traits du génial Robert Englund, Freddy Krueger s’impose dès sa première apparition comme l’une des créatures fantastiques les plus fascinantes des années 80.

La compétition continue avec l’excitant Housebound, comédie horrifico-fantastique néo-zélandaise. Forcément, avec un tel qualificatif, il est bien difficile de ne pas penser à L’autre néo-zélandais. L’ombre du réalisateur de Braindead plane ainsi constamment sur le film, jusqu’à un hommage final reprenant à l'identique le décorum du film de 1992. Pourtant, Housebound déroule rapidement sa propre personnalité, avec une anti-héroïne attachante dont la relation avec sa mère n’est pas sans rappeler Shaun of the dead. Issu du sitcom, le réalisateur ne délaisse ainsi jamais ses personnages dont il fait de leur évolution le cœur du récit. On se prend à voir le film comme une version inversée et décalée du Dolores Claiborne de Taylor Hackford. Des références solides dont Gérard Johnstone parvient à se défaire, avec notamment un humour savoureux et atypique.

 

 

La journée se termine sur la projection en avant-première de Night Call, premier film du scénariste Dan Gilroy et porté intégralement par un Jake Gyllenhaal transformé. Bien évidemment, la performance tétanisante du comédien assure au film une certaine aura. Reprenant à la lettre le titre original (Nightcrawler, bien plus judicieux), il campe un personnage saisissant et insaisissable, rôdeur nocturne et anti-social, une figure malfaisante dont l’ascension attache autant qu’elle effraye. C’est la force du film, ne jamais juger son personnage, monstre de notre époque. Dommage que le récit, globalement peu surprenant et attendu, ne parvienne jamais à dépasser son statut de (brillante) démonstration. Si la radicalité du projet semblait surprendre venant d’un studio, le film s’avère dans sa finalité assez inoffensif. Mais rien que pour la performance de l’acteur, et la vision d’un Los Angeles expurgé de tout glamour, Night Call s’impose comme une petite réussite.

 

 

Si le nightcrawler Lou Bloom dort peu, c’est bien de sommeil dont il faudra faire le plein pour bien commencer cette deuxième journée. Avec Bag Boy Lover Boy, pas sûr que le confort s’améliore. Mais être un peu bousculé, n’est-ce pas ce qu’on vient chercher ?

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